David Lachavanne au lycée Bossuet de Condom

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Condom

u nord du département du Gers, Condom, sous-préfecture de 7 555 habitants, est bâtie sur un promontoire surplombant la Baïse. Au centre s’élèvent l’imposante cathédrale Saint-Pierre et son cloître, témoignages d’un riche passé historique tout comme le remarquable patrimoine architectural de la ville, avec ses beaux hôtels particuliers du XVIIIe siècle et ses vestiges médiévaux. Devenue évêché en 1317, la cité connut un important développement grâce au clergé, mais aussi grâce au commerce de l’armagnac, acheminé autrefois vers Bordeaux par la Baïse canalisée au XIXe siècle. C’était, et c’est encore de nos jours, une étape importante pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle : ils contribuèrent eux aussi à la renommée de l’aygo ardente, qu’ils emportaient avec eux en allant vers l’Espagne et partout en Europe.

www.condom.org

Le lycée Bossuet

Le lycée est installé dans un ancien séminaire élevé par Louis de Milon il y a 300 ans, puis occupé et amélioré par les Ursulines. Ces bâtiments, bien conservés et en partie rénovés, confèrent au lieu un charme remarquable.

A gauche de la cour d’honneur, nous accédons par une grande porte de bois à un hall d’entrée largement occupé par un escalier double en bois qui mène aux anciens dortoirs devenus chambres de lycéens. Une porte vitrée donne accès à la cour des élèves ; un alignement de classes protégées par un long balcon bordé d’un élégant garde-corps en fer forgé limite côté ouest cette cour en partie ombragée. Une des salles de classe transformée en salle d’exposition est investie plusieurs fois par an par un artiste. Sur la droite, une rangée de platanes nous mène vers un vaste espace enherbé que domine un superbe château d’eau hexagonal bâti sur des arcades, témoin du modernisme des Ursulines qui au XIXe siècle avaient fait installer l’eau courante dans tout le bâtiment. De la prairie, lieu de vie des lycéens, nous pouvons admirer la très belle façade sud percée de nombreuses fenêtres et de chiens-assis. Coté sud, un petit cimetière abrite les dépouilles des religieuses, face à la belle façade arrière. 

Pourvu d’une section artistique, le lycée est un pôle important. Différents enseignements d’exploration des arts visuels et de pratique des arts plastiques y sont développés. Chaque année, la Quinzaine des arts présente les créations des élèves dans tous les domaines (musique, arts visuels, théâtre…). 

Depuis 2012, le lycée accueille, en partenariat avec Chemins d’Art en Armagnac, un artiste en résidence. Ce fut d’abord Denis Tricot, Carl Hurtin en 2013 et, cette année, David Lachavanne.

David Lachavanne

Né en 1978, David Lachavanne est diplômé d’un DNAP et d’un DNSEP à l’Ecole des beaux-arts de Toulouse.

Il a été en résidence à L’attrape-couleurs à Lyon à l’occasion du parcours Résonance de la Biennale d’art contemporain en 2009 et en résidence ou artiste intervenant dans plusieurs lycées (Auzeville, Albi, Saintes…). Il a également conçu une installation in situ dans les jardins de la DRAC Midi-Pyrénées en 2008 à l’occasion des Rendez-vous aux jardins. Il a participé au projet des Entrepreneurs mécènes à Châteaubourg (2012) et à plusieurs expositions collectives, notamment au BBB à Toulouse. 

Son propos concerne l’artificiel, le naturel, et la mesure-démesure de toute chose. Il détourne l’objet commun (comme l’outil) de sa fonction ou de sa forme habituelle et si ses créations ne sont plus conformes aux codes de l’objet utilitaire dont elles s’inspirent, elles jouent malgré tout de leurs « charges symboliques ».

Etant fortement impliqué dans une logique de respect du milieu naturel, il essaie d’imaginer un futur idéal où cette « combinaison » refléterait une « liaison harmonieuse ». Il cherche à créer l’objet symbolisant l’alliance entre réflexion et spontanéité.

david-lachavanne.net

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Changement d'état

Durant sa résidence au lycée, David Lachavanne a conçu trois projets autour du thème Le Changement d’état.

Le premier invitait les lycéens à exprimer sur des planchettes de bois leurs opinions, connaissances et convictions en les déposant dans une urne placée dans un isoloir installé en salle des professeurs. Dans ce lieu sanctuarisé où les élèves ne pénètrent jamais, le sésame était un casque d’« émetteur d’opinions » et l’acte authentique était consigné sur un registre de signatures à la sortie. L’ensemble des plaquettes ainsi collectées a servi à l’édification d’un portique que l’artiste a placé à l’entrée de la salle d’exposition.

Le deuxième projet a été la conception d’une vague de plus de huit mètres sur le modèle de l’estampe de Hokusai, adossée au mur du château d’eau dans la prairie. Elle combine l’image d’un raz-de-marée et celle d’une échelle de crue dont les graduations sont remplacées par des pictogrammes humoristiques conçus par les élèves de l’option Arts plastiques. L’échelle limnimétrique symbolise la maîtrise et le contrôle de l’eau tout en projetant dans un changement d’état qu’est l’inondation.

Le troisième projet reposait sur une performance d’élèves devant lire un texte intitulé La Houle écrit par Agathe Rivals, enseignante de français, la tête sous l’eau dans un caisson hermétique dont le fond transparent permettait l’enregistrement d’une vidéo présentée ensuite en salle d’exposition. Le making-off et les croquis des différentes étapes de conception permettaient aux visiteurs de suivre l’évolution du travail de cet artiste en résidence.