Pierre Marchand au château de Malaussane
Béraut
A proximité de Condom, le village de Béraut, qui lui était jadis rattaché, s’étend de part et d’autre de la Gèle, adossé à son château. On peut y accéder par la D654 qui mène à Fleurance, suivant le tracé d’un ancien chemin médiéval. L’église qu’on peut y admirer daterait du XIIe siècle.
Le nom de Béraut serait d’origine germanique : Berawald, associant ber (ours) et wald (forêt), selon certaines interprétations. En tout cas, il s’agit d’une seigneurie fort ancienne, mentionnée dès le XIe siècle et dont on trouve de nombreuses traces tout au long du Moyen Age. Elle fut à l’origine du château primitif dont le mur d’enceinte est encore visible. L’édifice, flanqué de tours rondes, porte la trace de nombreux remaniements et c’est au XVIIIe siècle qu’il a pris sa forme actuelle.
La commune compte sur son territoire trois autres châteaux. L’un d’eux, celui d’En Soulès, abrite un important musée d’art naïf.
Le château de Malaussane
On ne l’aperçoit d’aucune route, rien ne laisse deviner son existence. Et pourtant il est tout près de Condom, à 2 km à peine vers le sud.
Un long chemin de terre mène au pont qui enjambe la Gèle et on découvre en surplomb une haute façade, flanquée de tourelles. Le visiteur contourne le bâtiment par le sud et voit se déployer la partie est, plus ornée.
Devant s’étend un vaste jardin à la française, fermé au nord par les anciens communs et bordé à l’est par un espace tout en longueur planté de tilleuls. Le contraste est magique entre les pelouses bien ordonnées et la densité ombreuse des rangées d’arbres qui conduisent vers un parc boisé.
Son histoire est étroitement liée à celle de Béraut : cette « maison noble », probablement bâtie au XIIIe siècle, transformée au XVI siècle et remaniée au XVIIIe, fut achetée semble-t-il par Guillaume de Béraut à Bertrand de Lasseran en 1482. Elle devint le lieu d’habitation de la famille de Héron, après le mariage de Robert de Héron à la fille du seigneur de Béraut.
Pierre Marchand
Vit et travaille à Argenton-sur-Creuse (Indre).
Né à Paris en 1960, Pierre Marchand tient de son père, menuisier-charron, son amour pour le travail du bois. Grâce à une formation en ébénisterie, il acquiert un savoir-faire qui lui permet, dans les années 80, d’aborder en autodidacte une carrière artistique. Sa pratique commence donc tout naturellement par la sculpture. Ce n’est que dix ans plus tard qu’il abordera la peinture.
L’œuvre de Pierre Marchand est inspirée principalement par la nature et les questionnements qu’elle fait naître chez l’homme d’aujourd’hui, qui en est de plus en plus dépossédé. Il se refuse dans sa sculpture à utiliser du bois exotique. Son choix se porte sur les espèces locales, sans jamais sacrifier un arbre : son matériau sera du bois tombé, sauvé ainsi de la destruction, et porteur d’un message par sa réincarnation en objet artistique. Le travail de création devient ainsi le symbole d’une sorte de réconciliation entre l’homme et son milieu naturel.
Pierre Marchand expose régulièrement partout en France et à l’étranger. Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections publiques ou privées. Il est représenté depuis 2006 par la galerie du Domaine perdu, en Dordogne.
Les Cueilleurs de Pierre Marchand
Pour Pierre Marchand, l’arbre est un motif central. Vigoureux, dense et coloré sur ses toiles, il devient dans l’œuvre sculptée le matériau privilégié, doté d’un double langage : celui du chêne, orme ou cèdre qu’il a été, et celui de l’objet nouveau qui le rend à la vie.
S’emparer de bois tombés, leur donner forme, vie et sens, c’est pour le sculpteur Pierre Marchand le point de départ, la trajectoire et l’aboutissement de son travail. Et quand il les dresse parmi leurs frères encore vivants, il suffit de quelques instants de contemplation pour percevoir leur silencieux dialogue.
Au commencement il y a un lieu à peupler, dont il faut déchiffrer le mystère. L’artiste en a sa propre lecture, qui donnera corps à sa vision. Ici, c’est le château de Malaussane, son parc et l’espace environnant que Pierre Marchand a longuement écoutés et contemplés. Une épaisse allée de tilleuls borde le jardin et le sépare des étendues de pruniers : pour l’artiste, elle devient comme un passage, celui des travailleurs au retour des champs. Les silhouettes dressées parmi les tilleuls seront donc des Cueilleurs, arbres eux-mêmes parmi les arbres, tournés vers l’édifice et comme en chemin vers lui.
C’est un moment hors du temps, dans un espace soudain hanté. Le monde végétal a trouvé ses messagers : muets, striés de noir et figés dans leur éloquente gravité, leur discours s’élance vers la pierre des façades.