Vicente Pastor à l'étang de Montréal-du-Gers

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Montréal-du-Gers

L’étang de Montréal révèle un passé d’une grande richesse. Il y a quelques 17 millions d’années,  de nombreuses espèces d’animaux y ont été piégées : plus de 90, dont cet Ampeloméryx ginsburgi à tête de cerf et à corps de girafe (musée de Montréal) qui se retrouve sur les étiquettes d’un vin de la commune. Nul doute que son ombre hante notre étang actuel ! Des sites préhistoriques aux établissements gallo-romains comme la riche villa de Séviac, on passe aux établissements du Moyen-âge comme les églises (St Genens au bout de son allée de chênes, à quelques kilomètres de Montréal) ou la bastide fondée par Alphonse de Poitiers en 1255.

Aujourd’hui, l’étang devenu lieu de baignade, a dû se reconvertir. Le projet de la CCT remporte l’appel à initiatives « biodiversité » de l’agence Adour-Garonne et obtient la labellisation en tant que « Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte ». Ont été alors créées les conditions favorables à l’installation des espèces inféodées aux milieux humides. On peut y observer : la mare, le ruisseau de Paris, la roselière, la saulaie ou encore la vasière. En son centre, une île végétalisée où nichent canards colverts, foulques macroules, martins-pêcheurs et hérons. Long de 700m, le tour de l’étang offre une petite balade nature à savourer à son rythme.

Vicente Pastor

L’étang de Montréal est inondé par les visions de Vicente Pastor qui nous surprendra avec des animaux cibles, flottant sur des îlots, mais pas seulement. Une déambulation est possible sur le chemin qui entoure l’étang. Quelle place a l’homme dans la biosphère et quelle importance veut-on lui accorder ? Les animaux pourraient bien survivre à la présence de l’homme. C’est l’espèce humaine qui est en trop sur cette planète et je suppose et j’espère que vous êtes d’accord avec l’artiste et moi-même. L’humain qui veut dominer tout, n’a ni le savoir ni le droit de régenter la biodiversité, la planète, le cosmos.

Vicente a commencé sa carrière dans les années 80 et il reste marqué par cette époque. Vivre près de la nature, être complètement submergé par elle, est pour lui une évidence.

La chasse de l’animal n’est pas en question, si on veut manger de la viande, il faudra bien tuer. Le respect, l’harmonie, le bien vivre ensemble doivent être les règles à appliquer. Nous sommes guidés par cette faim d’être dans le plus absolu chaque jour, chaque année, durant toute notre vie. Au-dessus de la conscience, de la logique, il y a l’illogisme, l’inconscience qui règne. Bien sûr, c’est elle qui nous tue, qui tue notre monde et notre espèce sur le long terme.

Vicente Pastor montre à travers l’animal clôturé, sa conscience. Il se bat pour la liberté de l’animal, pour un traitement digne. Souvent avec l’art, nous avons la possibilité de changer le regard sur le monde.

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L’art sert alors d’indicateur, c’est un lanceur d’alerte sur notre situation, sur ce qu’on ne veut pas regarder. Dans un endroit qui accueille une telle biodiversité, l’artiste fait bien de nous poser la question sur le rapport de l’homme avec l’animal ou plus largement avec la nature. La nature et l’artiste sont unis dans la volonté de dialoguer dans l’interaction du processus de la création. L’aspect final est visuellement légitime grâce à la capacité de l’artiste de créer des ponts entre l’humain et son environnement ; ici, en l’occurrence au lac de Montréal avec sa beauté sublime. Le titre de l’œuvre « Celui qui observe ne verse pas moins de sang que celui qui porte le coup » est un slogan qui nous montre bien que l’animal le plus dangereux du monde, est l’homme, donc nous.

Au vu de l’historique de l’étang de Montréal, la question se pose ouvertement : soit l’homme intervient, soit il laisse la nature vierge. Dans le monde, ce que nous avons déclaré comme sauvage ne l’est plus. L’artificiellement sauvage est un acte de bonne volonté, mais n’excuse pas notre responsabilité dans le désastre.

L’activité artistique de Vicente Pastor, est un dialogue continu entre intérieur-extérieur, esprit-matière, homme-nature. Il s’agit d’un artiste pour qui toutes les expressions impliquées dans la configuration de sa poésie personnelle, tant d’un point de vue technique que conceptuel, reflètent le même thème : la nécessité pour l’être humain d’être en phase avec le monde qui l’entoure, de le reconnaître et de s’y épanouir, conscient que nous venons de la nature et que nous y retournerons après avoir disparu.