Nawelle Aineche au Village de Saint-Puy
Village de Saint-Puy
Ne cherchez pas le Saint en question, le nom du village est dû à une déformation du gascon Sempuy et plus avant du latin summum podium.
En effet le village est situé au sommet d’une colline dont il dévale la pente, du castelnau en haut, au bourg ecclésial plus bas, ces deux agglomérations étant reliées par un bourg central sur le modèle d’une bastide.
Le village a connu bien des vicissitudes. Après une installation paisible jusqu’au XIIe siècle, il est détruit au XIIIe en raison des prétentions anglaises sur le territoire.
Reconstruit, il passe alternativement de la domination anglaise à la domination française pendant la guerre de Cent Ans.
Dès le XVe siècle, la famille de Monluc devient propriétaire du château et le restera jusqu’au XVIIIe.
Le bâtiment très délabré est alors reconstruit. Il ne reste rien de l’édifice du Moyen-Age.L’église garde des traces romanes et de très belles ouvertures du gothique flamboyant. Elle a été remaniée au XVIIIe et surtout au XIXe siècle.
Le bourg lui-même compte encore de nombreux bâtiments remarquables : la Vieille Tour, l’ancien hôpital Morlan, les ruines d’une imposante maison de maître, la halle métallique. Actuellement, un chemin de randonnée en cours d’achèvement permet de découvrir des lieux insolites comme l’ancien lavoir, une fontaine cachée, une cabane de vigne, et de ressentir dans ses mollets la pente raide où s’accrochent les maisons. Autant de haltes bucoliques, surtout si l’on a sacrifié au bien vivre de la région et de ses produits, foie gras et Armagnac emblématiques.
Nawelle Aineche
https://nawelleaineche.com/author/nawellea/
Dans sa recherche artistique, Nawelle Aïnèche interroge la place du corps comme un objet malléable au sein de notre société ainsi que notre rapport à la réalité à travers différents médiums : la performance, l’installation, le tissage… Elle travaille des matériaux de consommation, tel que les bandes magnétiques de cassettes vidéos, et joue avec le paradoxe entre ce que nous voyons, ce que nous imaginons et la Réalité de ce qu’il est.
Après de longues études de costume, elle part en 2015 apprendre et expérimenter le tissage de matière plastique à Dakar, Sénégal, durant quatre mois grâce à la bourse « Voyager pour apprendre les métiers d’arts » de la Fondation Culture et Diversité en partenariat avec l’UNESCO.
En 2017, elle reçoit la bourse Création en Cours, mise en place par le Ministère de la Culture, piloté par les Ateliers Médicis. Lors de cette résidence, elle place le costume-sculpture au centre de sa recherche et conçoit la performance Qu’est ce que je vais faire de toi? avec un costume tissé de bandes magnétiques de cassettes VHS.
Résidente à la Taverne Gutenberg depuis juin 2017, elle participe à l’exposition « Les Nouveaux Sauvages » aux Halles du Faubourg en octobre 2018 avec une installation immersive et monumentale : La Boîte à Silence.
Je t’aime quand même
La carcasse de la maison de Saint-Puy est symbole d’un immense vide. D’une part, par son histoire, de l’autre par la réalité qu’elle renvoie aux quidams. Elle est une métaphore de l’abandon et le paradoxe de la beauté. Contextualisée dans une architecture atypique, sans toit, sans ce plafond protecteur, elle fascine autant qu’elle effraie. Le nu s’impose au sein de la structure et nous questionne sur notre rapport à l’absence, sur le temps et l’impact de celui-ci. Incontestablement, il y a dans des désastres, des beautés qui nous émerveillent, qui nous aspirent et inspirent à de multiples possibilités.
Dans cette installation végétale, miroitante et magnétique, je contextualise la maison tel un espace d’exposition hors norme et nécessaire dans l’art d’aujourd’hui. J’invite le visiteur à porter de nouveaux regards sur l’intérieur de ce corps architectural, en inéquation à notre réalité : absence de vie humaine et prolifération de la nature. Le temps a un impact fondamental sur la vision que nous portons sur l’installation puisque selon le moment de la journée et la météo, elle sera différente et en perpétuelle évolution.
Mon travail autour des émotions corporelles prend forme dans cette relation entre le ciel, l’architecture, la nature et le tissage de bandes magnétiques de cassettes vidéos (directement lié à mon corps). Cette liaison questionne finalement notre besoin constant de trouver l’équilibre et notre rapport perplexe à la peur, à celle du vide, du manque, du rien et du trop qu’elle peut générer.