Salomé Fauc à Marsolan
Village de Marsolan
Le village de Marsolan, à l’aspect méditerranéen avec ses maisons étagées, est construit sur le penchant d’un plateau karstique. Cet éperon naît à la croix du Tabus, qui servait de jalon aux premiers pèlerins venant de Lectoure en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle.
Par endroits, l’eau a délité l’épaisse couche de calcaire donnant naissance à des curiosités naturelles uniques en Lomagne : corniches, excavations, résurgences telle la source autour de laquelle a été bâtie, et joliment restaurée, la fontaine en contrebas du village. Si dans l’imaginaire populaire elle a toujours été peuplée de fées, elle offre aujourd’hui un havre de paix au promeneur.
Au Moyen Âge, le village était ceint de solides fortifications qui s’ouvraient par deux portes opposées et une porte au nord. A l’ouest, elles étaient doublées par les murailles du château primitif dominant la vallée de l’Auchie, certainement détruit au cours des guerres de Religion.
Siège d’un archiprêtré jusqu’à la Révolution, puis chef-lieu de canton, Marsolan offre un habitat de qualité, avec de belles maisons « bourgeoises ». Hors les murs a été bâtie l’église entourée du cimetière aujourd’hui planté de superbes cèdres. D’origine romane, elle a été reconstruite au XVIe et remaniée au XIXe siècle. Depuis peu, elle abrite un orgue polychrome de belle facture. En face, le pèlerin trouvait refuge à l’hôpital Saint-Jacques. Au cours du XIXe siècle, l’espace a été aménagé avec l’hôtel de ville adossé à l’ancien archiprêtré, le presbytère, la halle, le bastion qui offre un point de vue magnifique sur la campagne environnante.
Salomé Fauc
Née en 1993 en région parisienne, Salomé Fauc, intéressée aussi bien par les arts plastiques que l’histoire de l’art, a intégré les Beaux-Arts de Lyon en 2012. Après un détour par la performance et la vidéo, elle a renoué en deuxième année avec le dessin, médium qu’elle n’a plus quitté. Le dessin est en effet pour elle une écriture et ce fut d’ailleurs longtemps sa seule écriture possible. Elle s’attache au grand format, à une forme « d’installation-performance » où se manifeste son goût pour le all over qui contraint l’artiste aussi bien que le regardeur à s’immerger dans un monde qui les englobe nécessairement.
Elle a obtenu le DNAP en juin 2015 et le DNSEP en mai 2017 et continue à développer sa pratique du dessin entre Paris et Milan.
Et le chemin encore
« Il est essentiel pour moi de disséminer mes productions à travers tout le village de Marsolan afin d’inviter le spectateur à une promenade qui en livrera immédiatement certaines, tout à fait évidentes, tandis que d’autres, presque cachées par la végétation, nécessiteront une attention particulière.
J’ai choisi de travailler sur de la bâche en plastique non seulement parce que c’est un support qui résiste mieux que le papier aux intempéries mais surtout parce que, transparente, la bâche permet de laisser passer la lumière et, par beau temps, mes créations peuvent prendre l’apparence du « vitrail » en devenant très lumineuses. C’est d’ailleurs ce geste paradoxal qui consiste à élire un matériau trivial pour renvoyer à une forme de sacralité artistique qui m’a intéressé. D’autre part, placés à l’extérieur et pour certains d’entre eux plongés même dans l’eau, mes dessins vont immanquablement évoluer au fil des jours.
Or le rapport au temps – que cela soit celui nécessaire à leur réalisation du fait de leur dimension, ou encore celui requis pour l’accrochage et enfin celui même qui participera de leur estompage et effacement – est absolument fondamental dans ma démarche. D’ailleurs le motif de la ruine architecturale ne me quitte jamais tout à fait, sans doute parce qu’il rend compte de l’œuvre du temps sur les choses et c’est précisément son passage et son « travail » sur mes propres productions que j’ai besoin d’éprouver. Enfin, mon rêve a toujours été d’investir artistiquement une église tant cet édifice recèle pour moi de force inspirante et c’est pourquoi j’y ai installé aussi une de mes créations ! »