Thierry Boutonnier sur le domaine de Pouypardin

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Domaine de Pouypardin

Se promener dans les vignes de Pouypardin, petit domaine sis entre Osse et Baïse, au nord-ouest de Condom, invite à la méditation. L’écho des temps révolus y touche un présent marqué par les saisons, des ceps dépouillés de l’hiver à ceux reverdissants, puis chargés des grappes de l’été.

La masse sombre du château témoigne du poids de la féodalité (en 1287 le seigneur de Pouypardin prêtait hommage au roi d’Angleterre-duc d’Aquitaine), du contrôle des seigneurs sur les paysans, des guerres du XIIIe et du XIVe siècles, entre familles de Béarn et d’Armagnac, entre roi d’Angleterre et roi de France. C’est une longue histoire qui conduit des guerres de Religion aux secousses de la Révolution, et à la succession de propriétaires devenus bourgeois, parfois plus soucieux de l’habitation que des terres et inversement.

Les terres elles-mêmes ont connu le labeur incessant des hommes; de la petite polyculture de subsistance – un peu de céréales, un peu de vignes, un peu de bétail et une basse-cour – à de plus grandes étendues céréalières au temps de la modernisation de l’agriculture, et à un domaine aujourd’hui concentré sur 7 ha de coteaux argilo-calcaires plantés en vignes. Ces dernières avaient toujours été présentes, depuis l’Antiquité, mais pas à cette échelle.

Aujourd’hui elles sont travaillées par les nouveaux exploitants depuis 2014, dans le souci de l’environnement et d’un bon produit, méticuleusement et amoureusement élaboré.
Du claret du Moyen-Age, vin nourricier, qui ne se conservait pas, considéré comme un produit de première nécessité, dont les grappes noires ou blanches étaient juste foulées, puis déversées dans la cuve et fermentaient quelques jours, aux vins du Domaine d’aujourd’hui il y a un monde. Mais c’est le même terroir. D’un vin essentiellement commercé localement pour la table des ecclésiastiques, des nobles et des bourgeois de Condom, on est passé à une diffusion bien plus large… quoique les vins du Moyen-Age aient pu, malgré de nombreux péages, descendre Baïse et Garonne!

Se promener entre les rangs de vignes, c’est retrouver les sons d’autrefois: appels des hommes et des femmes, cris des volailles et des bêtes, grincement des attelages puis ronronnement des moteurs, paroles retenues de ceux qui pratiquent la nature et connaissent ses exigences et ses caprices. Se promener au pied du Château, c’est imaginer les liens et les oppositions sociales, c’est repérer un terroir avec autrefois plus de haies et plus de bois, c’est admirer un paysage fortement humanisé et serein, où tout témoigne de la volonté accrue de respecter la Nature.

Thierry Boutonnier

Thierry Boutonnier, né en 1980 dans le sud-ouest, a grandi dans l’élevage laitier de ses parents. Ouvrier agricole, il finança ses études à l’école nationale des beaux-arts de Lyon et à l’université Concordia à Montréal. Diplômé en 2005, il s’aventura au Portugal, au New-Jersey, en Basse-Normandie ou dans le Tarn. Fort d’intenses coopérations, il réalise des actions et des objets en interdépendance avec des écosystèmes comme pour Lausanne Jardin (2009), Naturel Brut (2010) ou Polyculture (2011). Son travail fût montré au Canada, en Allemagne, en Pologne, en Suisse, à la Biennale de Paris (2006) et celle de Rennes (2010) ou à Fiac (2011). En 2010, il a obtenu le prix COAL art et environnement pour son projet « Prenez racines ! » à Lyon.
Il montre une gamme étendue de différents comportements en réaction au système capitaliste : analyse, jeu, combat, mimesis, démission, ironie, crise… ; Considérant que les actes artistiques ont les mêmes demandes en matière de gestion des projets ou de portefeuilles (en termes de savoir-faire, processus décisionnel, partage, production/diffusion, stockage, innovation…). C’est un artiste non-spécialiste qui emploie une attitude “multi-tâche” ; capable de divers moyens pour s’adapter aux changements constants de l’économie concurrentielle réelle : performance, vidéos, sculptures, images et photographies, schémas, publications…

« À l’extérieur des murs aveugles d’un château qui tombe, la vie d’ici m’invite à me coucher dans l’herbe à l’ombre d’un arbre pour écouter des chants et regarder au-delà du visible.»

http://www.domestication.eu/realisation/.

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1 : Appel d’air 
2 : La suite de Pan
3 : Les objectifs de production

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Noire de Gascogne

« Durant notre sixième extinction de masse de la vie sur Terre, comment, dans le Gers, cultivons-nous avec goût, la transmission de cette même terre ? Peut-être comme Noé et Dionysos : une vigne, à la main. Peut-être avec notre féminité à l’œuvre, dans notre langue. La générosité de Stéphane, les oiseaux du Domaine et la Tante de Jo portent le matrimoine dans leurs cœurs et prennent le risque de perdre des plumes pour la diversité du paysage sans broyer du noir. À l’extérieur des murs aveugles d’un château qui tombe, la vie d’ici m’invite à me coucher dans l’herbe à l’ombre d’un arbre pour écouter des chants et regarder au-delà du visible. Dans le noir, J’ai senti la vanille dans le Gers, merci pour cet amour de la Terre. »