Denis Tricot à Condom

Diapositive précédente
Diapositive suivante

Condom

Au nord du département du Gers, Condom, sous-préfecture (7 555 habitants), est bâtie sur un promontoire surplombant la rivière Baïse. Au centre s’élèvent l’imposante cathédrale Saint-Pierre et son cloître, témoignages d’un riche passé historique tout comme ses hôtels particuliers du XVIIIe siècle et ses vestiges médiévaux. Devenue évêché en 1317, la cité connut un important développement grâce au clergé et au commerce de l’armagnac acheminé autrefois vers Bordeaux par la Baïse canalisée au XIXe siècle. C’était, et c’est encore de nos jours, une étape importante pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle : ils contribuèrent eux aussi à la renommée de l’aygo ardente qu’ils emportaient avec eux en allant vers l’Espagne et partout en Europe.

www.condom.org

Le lycée Bossuet et son château d'eau

Tout près du centre-ville, le lycée Bossuet, pourvu d’une section Arts plastiques et appuyé par la très dynamique association Art’Boss, est un pôle culturel important, renforcé par de récents partenariats avec le FRAC Midi-Pyrénées et le musée des Abattoirs à Toulouse. Il est par ailleurs un échantillon particulièrement intéressant du patrimoine condomois.

Le bâtiment originel, dont il reste quelques éléments, fut édifié en 1723 par Louis de Milon, évêque de Condom, pour y abriter un séminaire. Devenu bien national en 1790, il retrouve sa vocation éducative en 1808, date à laquelle des Ursulines y installent un couvent et une école de jeunes filles. Pendant près d’un siècle, jusqu’aux lois de laïcité de 1905, elles développent et modernisent les constructions existantes et donnent au lieu sa configuration actuelle.

En quittant la cour d’honneur côté nord, on accède à une autre cour et l’on découvre une courte allée de platanes qui débouche à l’est sur un vaste espace autrefois occupé par des vergers et des potagers. Plus prairie que pelouse, il est surplombé au fond par un édifice surprenant, entouré d’arbres : un château d’eau hexagonal, bâti sur des arcades, dont la silhouette élégante nous rappelle qu’autrefois les « ouvrages d’art » étaient de l’art… C’est l’œuvre des religieuses qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle, installèrent l’eau courante dans toutes les parties du bâtiment. Le témoignage émouvant de leur présence se trouve un peu plus loin, dans le petit cimetière qui réunit leurs dépouilles.

Denis Tricot

Vit et travaille à Mortagne-sur-Gironde (Charente-Maritime).

Né dans le Maine-et-Loire en 1951, il devient sculpteur en 1990, après un parcours aussi enrichissant qu’atypique. Il a longuement mûri une démarche personnelle qui vise à « mêler » les arts, à les faire dialoguer ou fusionner, les faire ensemble « envahir l’espace » et les consciences.

L’élément de base de sa sculpture est une fine latte de peuplier qui est autant son matériau que sa signature, et qu’il multiplie selon des agencements variables à l’infini, en fonction du site investi, souvent patrimonial et chargé d’histoire.

Entre 1996 et 2001, au sein du dispositif Tricot et Cie, il multiplie les installations et improvisations, depuis l’Auvergne, où son action est abondamment reconnue et soutenue, jusqu’à l’Ukraine et la Turquie avec laquelle une collaboration étroite s’est installée. En 2001, Denis Tricot crée SoloSculpture et poursuit son action avec de nouveaux partenaires (danseurs, musiciens, comédiens, écrivains).

Il travaille désormais en étroite collaboration avec l’agglo Royan-Atlantique, dans un souci constant d’expérimentation. A chaque projet correspond une nouvelle démarche pour métamorphoser un site et « transformer le passant en visiteur, puis en spectateur ». Car l’artiste ne se contente pas de « faire résonner » les lieux, il les propose à la lecture.

www.denis-tricot.com

Diapositive précédente
Diapositive suivante
Diapositive précédente
Diapositive suivante

Résidence d'artiste au lycée Bossuet

Le peuplier est un arbre commun de nos campagnes. Et voici qu’entre les mains du sculpteur Denis Tricot le mouvement s’échappe de l’arbre et se laisse capturer pour venir « envahir l’espace ».

Avant lui, l’espace public est neutre, inhabité, indifférent. On le traverse machinalement. Et voilà que Denis Tricot arrive pour tendre ses fils de bois comme l’araignée tisse sa toile : nous sommes capturés dans le plus inattendu, le plus séduisant des pièges. Car le lieu tout à coup se révèle et se donne à voir.

Et ce lieu, c’est l’espace qui s’ouvre entre les bâtiments vénérables du lycée Bossuet, métamorphosé, ici et maintenant, par la sculpture éphémère et monumentale de Denis Tricot. Les lattes de peuplier ajustées l’une à l’autre pour former de longs rubans s’élancent le long d’une allée de platanes, puis s’agrippent à la tour du château d’eau. Mais rien d’ornemental dans ces courbes et volutes. Car le nouvel espace ainsi créé, tant horizontal que vertical, se veut territoire d’écriture. Dans un site depuis toujours voué à absorber et produire du texte, l’artiste propose son œuvre comme un cahier ouvert, vierge et tentateur, pour une parole spontanément envolée et librement déposée : « courbes de la cursive sur courbe de peuplier ». Chuchotement ou clameur, elle offre à ce nouveau lieu un nouveau langage. Œuvre pour tous et œuvre de tous.